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Vaso Katraki

Vaso Katraki

Greek
1914 - 1988

Biographie

Vasso Katraki fut l’une des plus importantes graveuses grecques, consacrant sa vie à l’art de la gravure avec dévouement, intégrité morale et un profond humanisme. Née le 5 juillet 1914 à Aitoliko, une petite ville insulaire, son enfance fut marquée par le dur labeur quotidien des habitants de sa région — une expérience qui imprégna profondément sa conscience. Très tôt, elle entra en contact avec le monde de l’art et rêvait en secret de devenir peintre. À la fin des années 1930, elle s’installa à Athènes et étudia à l’École des Beaux-Arts, où elle fut formée par Konstantinos Parthenis et Yiannis Kefallinos. En 1940, elle obtint son diplôme, s’étant déjà distinguée comme une graveuse talentueuse.

Durant les années 1940, l’Occupation, la Résistance et la Guerre civile laissèrent des blessures profondes en Grèce et en Katraki elle-même. Elle ne fut pas une simple spectatrice de l’Histoire ; au contraire, elle participa activement aux luttes sociales, et son art devint un cri de protestation. La gravure devint le moyen par lequel elle immortalisa la souffrance humaine, la privation et la volonté de survivre. Son attachement aux valeurs de liberté et de justice la conduisit à l’exil. Même là, dans les conditions les plus difficiles, Katraki ne cessa jamais de créer. Les œuvres de cette période comptent parmi les plus bouleversantes : des témoignages silencieux mais puissants d’une époque de persécutions et de chagrin indicible.

Dans les années 1950, Vasso Katraki s’était déjà imposée comme l’une des principales graveuses de Grèce. Sa première exposition personnelle en 1955 marqua le début d’une brillante carrière. Si elle travaillait d’abord le bois, elle ressentit bientôt le besoin d’explorer un nouveau matériau qui traduirait mieux sa vision. La découverte du grès, une pierre à la surface rugueuse et aux possibilités encore inexplorées, transforma radicalement son approche de la gravure. Au lieu d’utiliser de fins burins de gravure, comme l’exigeaient les techniques traditionnelles, elle adopta les outils des sculpteurs, transformant la pierre en une toile vivante. Le relief brut de la pierre conférait à ses œuvres une dimension tangible, presque sculpturale, faite de lumière et d’ombre, de silence et de cri.

La renommée de Katraki dépassa rapidement les frontières de la Grèce. Elle exposa à Athènes, Thessalonique, Pékin et Budapest, participa à trois expositions panhelléniques ainsi qu’à de nombreuses expositions collectives, tant en Grèce qu’à l’international. Parmi ses apparitions internationales les plus marquantes, on compte des expositions au Caire et à Stockholm en 1947, à Rome en 1953, à Genève en 1954, à la Biennale de São Paulo en 1957, à la Biennale de Gravure d’Alexandrie et à Lugano en 1958, à Tokyo en 1960, à la 33e Biennale de Venise et à l’Exposition des Pays Balkaniques à Bucarest en 1977, ainsi qu’à Stuttgart et à Nicosie en 1978 dans le cadre de l’exposition « Peintres et Graveurs Grecs Contemporains ». De plus, elle avait déjà remporté le premier prix de gravure à la Biennale Méditerranéenne d’Alexandrie, le Prix de Lugano en 1958, et à Venise, elle fut également distinguée par le Prix International de Lithographie « Tamarind ».

Malgré son succès international, son art resta profondément ancré dans sa conscience sociale. Pour elle, l’art n’était pas une activité élitiste, mais un dialogue avec le monde. Même dans les dernières années de sa vie, elle ne cessa jamais de rechercher de nouvelles possibilités d’expression. Elle resta toujours ouverte à l’expérimentation, sans jamais trahir l’essence de son œuvre : rendre compte de l’expérience humaine à travers l’art. Dans sa ville natale, le Musée des Arts de la Gravure Vasso Katraki à Aitoliko conserve son précieux héritage. Son œuvre n’appartient pas seulement à l’histoire de l’art ; elle appartient aux peuples. Elle parle de douleur, d’exil, de lutte, mais aussi d’espoir, de résistance et d’une volonté inébranlable de vivre.

 

Georgia Dimopoulou
Classicienne – Éditrice