Biographie
Hans Hartung (1904–1989) était un peintre français, né en Allemagne, dont le style abstrait, dynamique et gestuel, l’a établi comme une figure centrale de l’art du XXᵉ siècle. Né le 21 septembre 1904 à Leipzig, en Allemagne, dans une famille artistique et avec un riche bagage éducatif (maîtrisant le latin et le grec), Hartung fut très tôt exposé aux œuvres de Rembrandt et aux expressionnistes allemands tels qu’Oskar Kokoschka et Emil Nolde, qui influencèrent profondément son parcours artistique.
En 1924, il commença des études de philosophie et d’histoire de l’art à l’Université de Leipzig, puis fréquenta l’Académie des Beaux-Arts de Dresde. Son contact avec le surréalisme français, le cubisme et les œuvres d’art françaises et espagnoles à l’Exposition Internationale d’Art de Dresde en 1926 fut décisif, renforçant son intérêt pour l’abstraction et le poussant à s’installer à Paris pour approfondir les tendances avant-gardistes de l’époque. Il fut particulièrement attiré par les œuvres de Matisse, Braque et Picasso, qu’il admirait le plus.[1] En 1929, il épousa Anna-Eva Bergman, dont il divorça en 1938, avant de se remarier avec elle en 1957. Le couple s’installa à Antibes en 1973, où ils conçurent ensemble leur maison et leurs ateliers, qui devinrent plus tard la Fondation Hartung-Bergman.
Durant ses premières années à Paris, Hartung étudia méticuleusement les œuvres des maîtres anciens et contemporains. Les paysages du sud de la France, combinés à l’harmonie des compositions de Paul Cézanne, l’inspirèrent profondément. Influencé par les mathématiques, et en particulier par le « nombre d’or », il intégra les principes d’équilibre dans ses compositions, combinant improvisation et conception calculée. L’avènement du régime nazi en Allemagne, qui qualifia son style abstrait d’« art dégénéré », le força à se réfugier en France. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Hartung fit preuve d’une remarquable résilience en s’engageant dans la Légion étrangère française, où il fut gravement blessé, perdant une jambe. Malgré la destruction de nombreuses œuvres importantes, notamment celles créées pendant son service militaire, son emprisonnement, et les œuvres d’avant-guerre détruites par le bombardement de la maison de sa sœur à Leipzig,[2] son courage fut récompensé par l’obtention de la nationalité française en 1945 et par la distinction de la Croix de Guerre.
La période d’après-guerre marqua une phase intensément créative dans sa carrière. Malgré des débuts difficiles, de nombreux collectionneurs et critiques commencèrent à s’intéresser à son art. Ses œuvres, caractérisées par des coups de pinceau audacieux et calligraphiques, ainsi qu’un jeu magistral de lignes et de couleurs, reçurent une reconnaissance internationale. La fluidité avec laquelle ses idées se traduisaient sur la toile, le sentiment d’échelle de ses peintures et la domination de la ligne dans ses compositions définissaient le style d’un artiste qui allait devenir une figure majeure de son époque.[3] En 1960, Hartung reçut le Prix International de Peinture à la Biennale de Venise, consolidant son influence sur le mouvement abstrait. Ses techniques novatrices, telles que l’utilisation d’acryliques à séchage rapide, de peintures vinyles, et d’outils pour gratter et pulvériser, lui permirent d’atteindre un équilibre dynamique entre spontanéité et précision. La pulvérisation, en particulier, devint un moyen de neutralité créative, grâce à un outil manuel qui répondait au moindre mouvement de sa main, surtout durant les dernières années de sa vie.
La philosophie artistique de Hartung se concentrait sur la puissance du geste, chaque coup de pinceau transmettant une charge émotionnelle profonde, et chaque approche façonnant le résultat final de manière unique. Cette philosophie fit de lui une figure de proue de l’abstraction lyrique et influença les générations suivantes d’artistes explorant l’expérience humaine à travers des formes abstraites. Dans ses dernières années, malgré des problèmes de santé, son ardeur créative resta intacte. Cloué dans un fauteuil roulant après un AVC en 1986, il continua à produire des œuvres significatives de grande envergure, collaborant avec des assistants pour réaliser sa vision, tout en restant fidèle à son style unique. Tout au long de sa carrière, il préféra le côté révolutionnaire de sa nature, rejetant les certitudes et expérimentant constamment de nouvelles approches.[4]
Hans Hartung s’éteignit le 7 décembre 1989 à Antibes, en France. Son héritage perdure à travers ses contributions à l’art abstrait, avec des œuvres présentes dans des collections prestigieuses à travers le monde, notamment au Museum of Modern Art de New York et à la Tate Gallery de Londres. Sa quête incessante d’un équilibre entre spontanéité et structure demeure une source d’inspiration pour la communauté artistique.
Georgia Dimopoulou
Classicienne – Éditrice
[1] Hans Hartung : Fêtes d’Automne, 17/09/1988 – 23/10/1988, Paris, 1988.
[2] Wat P., Hans Hartung – La peinture comme mémoire, Paris, 2019, p. 105.
[3] Mundy Jennifer, Hans Hartung – Dessins et œuvres sur papier 1922-56, Londres, 1996, p. 39.
[4] Bertrand Dorléac Laurence, « L'Allemagne et la France : deux parties en une » dans Hans Hartung : 10 perspectives, Milan, 2006, p. 188.