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Dimitrios Emmanuel Galanis

Dimitrios Emmanuel Galanis

Greek
1879–1966

Biographie

Dimitrios Galanis fut l’une des figures majeures de la gravure néo-hellénique et l’un des plus importants graveurs européens de la première moitié du XXe siècle. Son parcours, qui débuta par des caricatures et des illustrations humoristiques, évolua vers une œuvre d’une virtuosité inégalée, où l’élégance classique rencontrait les tendances avant-gardistes de son époque. Grâce à sa maîtrise exceptionnelle de la gravure et son profond respect pour la tradition, il renouvela cette forme d’art, laissant une empreinte indélébile dans l’art grec et européen.

Né à Athènes en 1879, Galanis montra très tôt une inclination pour la musique, les mathématiques et la peinture. Son talent pour l’illustration devint évident dès son adolescence, lorsqu’il commença à publier des caricatures dans des journaux et des magazines. Bien qu’il ait d’abord étudié à l’École des Ingénieurs Civils de l’Université Technique Nationale d’Athènes (1897–1899), ses aspirations artistiques le poussèrent à se former auprès de Nikiforos Lytras. En 1900, en quête d’un horizon plus vaste, il s’installa à Paris, capitale mondiale de l’art, où il allait passer la majeure partie de sa vie. À Paris, il intégra l’École des Beaux-Arts et étudia sous la direction de Fernand Cormon. C’est à cette période qu’il commença à collaborer avec des magazines satiriques renommés en France, où ses caricatures percutantes firent de lui l’un des illustrateurs les plus en vue de la scène parisienne.

Une période décisive de sa carrière fut celle de 1907 à 1909, lorsqu’il voyagea en Allemagne et découvrit l’art de la gravure. De retour en France, il s’établit à Montmartre et rejoignit le cercle d’artistes tels que Matisse, Maillol et Derain. L’influence du fauvisme et du cubisme transparaît dans ses premières œuvres, mais il développa progressivement un style où l’avant-garde se mariait à une harmonie classique. À partir de 1918, Galanis se consacra exclusivement à la gravure, abandonnant l’illustration de magazines. Tout au long de sa carrière, il réalisa plus d’une centaine de livres et d’albums artistiques.

Sa relation avec l’écrivain français André Malraux fut particulièrement marquante, ce dernier ayant rédigé la préface de sa première exposition personnelle à la Galerie La Licorne à Paris en 1922. Dans les années 1920, il exposa aux côtés des plus grands artistes de son époque, tels que Picasso, Matisse et Chagall, consolidant ainsi sa réputation de figure incontournable de la gravure en Europe. Son langage artistique, profondément enraciné dans l’équilibre classique, intégrait également des influences contemporaines. Ses gravures représentent des scènes mythologiques et idylliques, des paysages, des nus et des natures mortes. Son trait est minutieux et raffiné, mettant l’accent sur la structure, le volume et la texture—un style qui reflète son admiration pour l’art classique grec et la Renaissance.

En plus d’être graveur, Galanis fut un enseignant dévoué. De 1925 à 1928, il enseigna à l’Académie d’André Lhote, et dans les années 1930, il fonda son propre atelier, où il forma de jeunes artistes, dont de nombreux Grecs. En 1945, il fut élu membre de l’Académie des Beaux-Arts de France, et en 1950, il devint membre correspondant de l’Académie d’Athènes. Cette reconnaissance consacra son apport tant à l’art grec qu’à l’art international.

Galanis exposa ses œuvres dans de nombreuses expositions, et ses gravures figurent dans les collections de grands musées, tels que la Galerie Nationale de Grèce, la Galerie Averoff et la Bibliothèque Nationale de France. En 1991, une exposition rétrospective présentant 66 de ses gravures sélectionnées fut organisée au Musée d’Art Contemporain – Fondation Basil & Elise Goulandris sur l’île d’Andros.

Malgré le passage du temps, son œuvre continue d’inspirer. À travers la précision de son trait, l’équilibre de ses compositions et son dialogue constant avec la tradition, Dimitrios Galanis démontre que l’art véritable ne réside pas uniquement dans l’innovation, mais aussi dans la réinterprétation et la réaffirmation de l’harmonie classique.

 

Georgia Dimopoulou
Classicienne – Éditrice